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Société

Nadia Bouchikhi : bien dans sa peau

Numéro 152 1er mars 2018
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Nadia Bouchikhi
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Atteinte de vitiligo, Nadia Bouchikhi a longtemps préféré l’ombre à la lumière. Grâce au regard bienveillant de son compagnon photographe, elle s’est réconciliée avec son corps en devenant notamment l’égérie de l’Association française du vitiligo (AFV). Une renaissance.

Le soleil, la plage, les vagues... et l’insouciance de l’adolescence. Pourtant, cet été-là va signer, sous la forme d’un banal coup de soleil au visage, la fin d’une époque heureuse. Il y a cette tache blanche qui étonnamment persiste à l’emplacement de la brûlure. Nadia consulte alors un dermatologue qui lui diagnostique un vitiligo, une maladie de dépigmentation de la peau qui se caractérise par des taches blanches. Il existe quelques traitements, mais pas très efficaces... Peu à peu, Nadia voit son visage, ses mains, puis son corps se couvrir de minuscules taches blanches qui ne disparaîtront jamais.

Moqueries et harcèlement

En classe de cinquième, Nadia connaît les moqueries. Elle a bien tenté d’expliquer sa différence de peau. Peine perdue. Elle devient très vite la cible privilégiée, épiée, scrutée, harcelée en permanence. « À la maison, où j’ai grandi dans une famille aimante, on ne parlait pas de ma maladie. Mes parents devaient estimer que c’était déjà assez douloureux pour moi de vivre un calvaire en classe. Nous nous sommes réfugiés dans le silence, qui est une forme de déni. » Heureusement, il y a la coiffure, sa passion... et l’amour. Dans l’école même où elle prépare son CAP, elle rencontre Daniel Pister, photographe de mode. Entre eux, cela devient très vite comme une évidence. « Daniel a toujours été là pour moi. Il m’a permis de traverser l’épreuve de la différence en me remontant toujours le moral. Il me disait que je portais bien mes taches, que c’était joli. Et j’ai fini par commencer à m’accepter vraiment telle que j’étais. » Nadia n’a pourtant pas choisi la voie la plus facile, puisqu’elle évolue désormais dans un monde fortement soumis au diktat de l’apparence. Et Daniel a en tête un projet bien précis : offrir à sa compagne d’autres regards bienveillants qui l’aideront, non seulement à s’accepter, mais aussi à s’aimer définitivement.

«Photothérapie»

Daniel demande à Nadia de lui servir de modèle occasionnel. Sans l’en informer, il envoie ensuite un cliché à l’Association française du vitiligo (AFV). En 2015, Nadia devient le mannequin officiel de l’association qui souhaite, à travers son image, envoyer un message positif sur la maladie. Posant par exemple avec assurance aux côtés d’un superbe dalmatien sous le slogan « Nous aussi nous avons des tatouages, les nôtres sont naturels », Nadia a relevé le défi. Cela lui a permis d’aller de l’avant et d’oser comme elle n’aurait jamais pu le faire auparavant. En janvier dernier, elle a ouvert un salon de coiffure très tendance à Cocheren, où le couple s’épanouit, entre photo et coiffure. Aujourd’hui, à 28 ans, la jeune femme se sent enfin libérée. Elle a réussi à dépasser ce qui lui avait valu tant de discrimination pour en faire une part de son humanité, un élément de sa beauté et un supplément d’âme.

http://www.afvitiligo.com