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Société

Santé : plus en danger face aux MCI

Numéro 152 1er mars 2018
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Les hommes et les femmes ne sont pas égaux face aux maladies chroniques invalidantes (MCI). Des différences génétiques, hormonales, anatomiques, entre autres, concourent à ce que les femmes soient davantage que les hommes touchées par les MCI.

 

En France, en 2016, l’espérance de vie à la naissance était de 79,4  ans pour les garçons et 85,4  ans pour les filles. Des chiffres qui semblent démontrer un avantage pour les femmes en matière de santé et tendent à conforter l’idée reçue selon laquelle elles seraient en meilleure santé que les hommes. Or il n’en est rien. Outre des différences anatomiques et physiologiques qui peuvent conduire à des pathologies spécifiques, elles souffrent aussi de maladies que l’on pourrait imaginer "masculines", et qui sont diagnostiquées et soignées plus tardivement. De plus, les essais cliniques portent en grande majorité sur des hommes et sont donc plus adaptés au métabolisme masculin.

Les maladies cardiovasculaires, par exemple, sont la première cause de mortalité pour les femmes dans le monde, bien avant le cancer du sein qui se situe à la dixième place. Elles touchent de plus en plus de femmes jeunes. Cette progression traduit l’évolution de leur mode de vie désormais calqué sur celui des hommes. Comme eux, elles ont adopté de mauvaises habitudes : tabac, manque d’exercice physique, alimentation trop riche, stress... Même constat pour les accidents vasculaires cérébraux (AVC) : les hommes et les femmes ont en commun certains facteurs de risque, comme les antécédents familiaux, l’hypertension artérielle, un taux de cholestérol élevé, l’obésité... Mais pour les femmes s’ajoutent des facteurs de risque qui leur sont propres tels que la prise de contraceptifs, les grossesses, les traitements hormonaux lors de la ménopause ou encore les migraines.

AVC, TMS et RPS

Les troubles musculo-squelettiques, de surcroît, affectent particulièrement les femmes, notamment au niveau des membres supérieurs. En effet, elles occupent très souvent des postes exigeant mouvements répétitifs et position assise prolongée (secrétariat, poste d’hôtesse de caisse, par exemple). « La pénibilité de ces emplois est souvent sous-estimée et difficile à faire reconnaître pour les femmes », expliquent Muriel Salle et Catherine Vidal, auteurs de Femmes et santé, encore une affaire d’hommes ?, édité chez Belin. « Les critères de reconnaissance des maladies professionnelles sont fondés sur le travail masculin, observent-elles. On admet plus facilement le préjudice subi par un salarié du bâtiment qui a passé sa vie professionnelle à porter des charges lourdes, que celui d’une salariée ayant fait des ménages toute sa vie. »

Enfin, plus touchées que les hommes par la maladie d’Alzheimer, certains types de cancers ou encore la dépression, les femmes présentent donc en France un état de santé paradoxal. En effet, d’un côté, les femmes ont une espérance de vie plus longue, mais également une plus grande souffrance, entretenue notamment par les maladies chroniques. À cela s’ajoute leur renoncement assez fréquent aux soins en raison d’un manque de moyens, même si elles semblent déployer plus d’efforts que les hommes pour maintenir leur santé tout au long de leur vie.