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Catégorie
Société

Femme en EA : Malika, "première dame" de blanchisserie

Par 
Comité de rédaction
Alexandra Luthereau
Numéro 152 1er mars 2018
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Malika Genfoud
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Malika Genfoud est la première femme à occuper un poste d’agent de maîtrise, dans un milieu plutôt masculin, à la blanchisserie AIA (Asnières industries adaptées). Une belle revanche pour cette femme de 54 ans, au tempérament bien trempé et au sourire communicatif. Et une réussite récompensée par un trophée «Femmes en EA 2017» d’Handiréseau.

 

« Si je lui ai proposé le poste d’agent de maîtrise, c’est parce que c’était elle qui avait le plus mauvais caractère », s’amuse Wenceslas Baudrillart, président d’AIA (Asnières industries adaptées), une entreprise adaptée (EA) qu’il a créée en 1992. C’est surtout, ajoute-t-il plus sérieusement, parce qu’il avait senti chez ce petit bout de femme énergique « l’envie d’avoir des responsabilités et d’exercer son autorité naturelle ». À peine sept mois après son arrivée en CDI dans l’entreprise en tant qu’agent de blanchisserie, elle se voit donc proposer ce poste de chef d’équipe par le président de l’entreprise. Il s’agit de manager une équipe d’opérateurs de 25 à 30 personnes, chargée chaque jour de nettoyer, sécher, plier et mettre sous plastique les nappes, serviettes, draps... des clients de l’entreprise. « Pourquoi ne pas essayer ? » se dit-elle alors. Une « belle opportunité à saisir », pour cette femme qui venait de passer cinq ans au chômage, après un licenciement causé par des problèmes de santé.

Reconnaissance

Au début, pourtant, ce n’est pas facile. Certains collègues, en poste depuis plus de dix ans chez AIA, n’ont pas beaucoup apprécié qu’une nouvelle recrue, une femme de surcroît, soit promue si rapidement. « Mais finalement ils se sont rendu compte que tout fonctionnait bien. » Et pour cause : la nouvelle agent de maîtrise a suivi un parcours de formation technique et managériale intense. De plus, Malika n’est pas le genre de manager à se tenir loin de ses équipes et des tâches. « Si un opérateur est absent ou qu’il a trop de travail, je lui donne un coup de main. Même si cela ne fait pas partie de mes fonctions – je suis là pour organiser le travail, répartir les opérateurs sur les différentes machines – je ne peux pas m’en empêcher », explique-t-elle en souriant. Ce beau parcours, la direction a souhaité le mettre à l’honneur. Sans l’en avertir, elle a présenté Malika Genfoud comme candidate aux trophées «Femmes en EA». La surprise de celle-ci a donc été totale lorsqu’elle s’est entendu nommer parmi les lauréates. « Je ne m’y attendais pas du tout ! Mais cela m’a fait plaisir d’être reconnue dans mon travail par mon entreprise », confie-t-elle. Ses collègues l’ont complimentée, ce qui ne lui a pas pour autant fait perdre sa modestie. Ce n’est pas dans son caractère. Aujourd’hui, elle envisage l’avenir sereinement et compte bien s’améliorer encore. Et continuer à grimper les échelons ? « Non, moi j’ai besoin d’un travail où je bouge, confie- t-elle. Je ne me verrais pas dans un bureau, derrière un ordinateur. »

Texte et photo : Alexandra Luthereau

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Trophées «Femmes en EA», 4e édition

« Intelligence émotionnelle/intelligence artificielle ? » Pour leur 4e édition parrainée par Pascal Légitimus, les trophées «Femmes en EA», qui récompensent les parcours de salariées en entreprise adaptée, ont fait dialoguer neurosciences et big data. Ils ont été remis au siège de Deloitte le 6 mars dernier, au moment où ces pages étaient imprimées.

Plus d’informations sur http://handireseau.fr