L'autre “lieu unique”
Au sein du CHU de Nantes, l’Institut fédératif des addictions comportementales (Ifac) est le seul en France à regrouper recherche, formation-prévention et information sur les addictions comportementales. Rencontre avec sa responsable, la Professeure Marie Grall-Bronnec.
Quelle est la mission de l’Institut fédératif des addictions comporte-mentales ?
L’Ifac a pour mission de développer la recherche, la prévention, la formation et l’information sur les addictions comportementales : jeux d’argent et sur Internet, pratique excessive des vidéos, dépendances affectives et sexuelles, achats pathologiques, troubles alimentaires… Notre objectif est d’améliorer l’état des connaissances scientifiques sur les addictions comportementales et de les diffuser auprès du grand public pour aider les personnes concernées et leur entourage, mais aussi pour former les professionnels de santé et intervenants sociaux pour améliorer la prévention et la prise en charge. Ce regroupement recherche et prévention-formation-information sur les addictions comportementales est unique en France.
Quel type de recherche y pratiquez-vous ?
Nous faisons de la recherche clinique, mais pas de la recherche-action. Nous avons avant tout une intention exploratoire : pour mieux comprendre les mécanismes et facteurs de vulnérabilité, par exemple sur la tendance suicidaire en début de soins des personnes souffrant d’addictions comportementales.
Autre axe de recherche : la prévention. Comment repérer plus précocement des personnes en train de basculer vers une addiction, par exemple en repérant les indicateurs de perte de contrôle d’un joueur ? Enfin, un axe thérapeutique plutôt innovant, pour évaluer de nouvelles techniques de soins.
Qui sont les professionnels qui y exercent ?
L’institut est une unité fonctionnelle du centre hospitalier universitaire de Nantes Saint-Jacques, créé en 2008 et rattaché au service universitaire d’addictologie et de psychiatrie de liaison. Il comprend du personnel de recherche, un documentaliste et un psychologue. Mais nous avons beaucoup d’imbrications avec les soins, car les médecins qui participent exercent aussi dans le service de soins.
Accueillez-vous du public ?
Non, nous n’avons pas pour vocation d’accueillir des patients à l’Ifac, à l’exception de ceux que nous recevons dans le cadre de protocoles de recherche et qui sont volontaires pour participer à des évaluations cliniques ou des essais médicamenteux avec une intention scientifique.
Avez-vous une approche particulière pour les personnes en situation de handicap ?
Nous explorons plutôt les spécificités sociodémographiques des personnes concernées, mais la question d’une situation ou d’une reconnaissance de handicap n’est pas à ma connaissance questionnée dans nos études.
En revanche, nous prenons en compte le handicap comme une particularité parmi d’autres dans la prise en charge globale, donc plus au niveau du soin et de l’accompagnement social que dans les recherches. Les personnes souffrant d’addictions comportementales souffrent aussi souvent de troubles psychiques (psychotique, bipolaire…) pour lesquels il peut y avoir une reconnaissance du handicap. Les troubles psychiques sont en soi un facteur de risques des addictions et, à l’inverse, les addictions peuvent provoquer des troubles psychiques, comme les dépressions, et parfois entraîner des situations de handicap.
https://ifac-addictions.chu-nantes.fr