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Catégorie
Innovation

Le design inclusif : le handicap source d’innovations pour les entreprises

Par 
Comité de rédaction
Deborah Pahl
4 mai 2023
Contenu
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Et si on percevait plutôt le handicap comme un moyen d’innover et de répondre aux besoins du plus grand nombre ? Simon Houriez est persuadé que le handicap peut créer de la performance pour les entreprises et ne doit pas être vu sous l’unique prisme de la compensation. Il a fondé Signes de Sens pour mettre en place des actions concrètes pour promouvoir la « conception universalisante ». Il revient pour nous sur son engagement, sa vision de la société de demain et sur le rôle des entreprises pour concevoir des biens et des services accessibles à tous 

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Simon Houriez
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Simon Houriez, Directeur et Fondateur de Signes de sens.
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Comment est né Signes de Sens ?
Après mes études en 2002, je me suis beaucoup impliqué dans des associations en tant que bénévole. À l’occasion de l’organisation d’un festival, j’ai rencontré une personne sourde et je me suis alors questionné sur la façon de lui rendre accessible la programmation du festival. C’est le point de départ du projet Signes de Sens. C’était à une époque où la loi de 2005 sur le handicap n’existait pas encore. Tout était encore très flou sur l’engagement concret de la société vis-à-vis du handicap. Beaucoup d’acteurs se développaient sur l’accompagnement et le suivi des personnes, et nous avons orienté notre action sur la création des outils pour soutenir les proches et les professionnels dans leur quotidien d’aidants et pour autonomiser les personnes en situation de handicap. C’est ainsi que peu à peu, nous nous sommes spécialisés sur le design inclusif pour aider les acteurs du secteur spécialisés à mieux accompagner les personnes avec handicap d’un côté et pour aider les acteurs de droit commun à faire leur transition inclusive.

Comment définiriez-vous l'accessibilité universelle ?
Notre objectif est de rendre les choses plus simples, adaptées aux publics en situation de handicap tout en étant également accessibles aux autres. Nous partons des besoins des personnes qui ont des besoins spécifiques pour créer des dispositifs utiles à tous. C’est pour cela que l’on parle de « design de Service en conception universelle » ou plus simplement de « design inclusif »

Concrètement nous pensons que les personnes en situation de handicap sont expertes de certaines problématiques, les décèlent, les caractérisent et inventent des stratégies de contournement. Notre métier consiste à travailler avec elles pour transformer toutes ces expériences en outils et services innovants qui amènent deux valeurs :

  • améliorer le parcours de vie et l’autonomie des personnes en situation de handicap,
  • améliorer le confort et l’expérience de tous les utilisateurs.

Selon moi les personnes en situation de handicap sont les éclaireurs de l’innovation au service de tous. C’est aussi un moyen de valoriser les compétences des personnes à besoins particuliers et leur capacité à créer de la valeur pour l’entièreté de la société.

Pour ce qui est de définir l’accessibilité universelle, je n’aime pas trop ce terme parce que ça n’existe pas. On devrait plutôt parler de conception universalisante c'est-à-dire un processus d’amélioration continue qui vise à satisfaire pas à pas le plus d’usagers possible, en intégrant la diversité desdits usagers.


Pensez-vous que l'accessibilité universelle soit la condition sine qua non de l'inclusion des personnes en situation de handicap dans la société ?

Il me semble que l’inclusion et le potentiel de réalisation des personnes en situation de handicap dans la société repose sur trois leviers :

  • La compensation : tout ce qui permet à la personne d’être soutenue pour ses besoins spécifiques à commencer par la question de la santé, des aides techniques, des aides humaines…
  • La transition inclusive de la société qui doit mieux connaître et comprendre la diversité des utilisateurs et faire évoluer ses pratiques (postures professionnelles, outils et services proposés aux usagers, …).
  • Les collaborations : l’inclusion c’est avant tout une collaboration entre le secteur spécialisé et le droit commun pour proposer des parcours fluides et efficaces pour les personnes avec une cohérence d’approche et d’ambition.

La conception universalisante est nécessaire pour faire progresser les choses et ouvrir des possibles, mais elle n’est pas le socle ni la formule magique. Le socle reste la vision de la société et de ses composantes et la capacité de collaboration des différents acteurs. Nous le voyons bien au travers de nos projets où nous commençons toujours un sujet par deux axes :

  • Accompagner le changement de regard et la vision du handicap ou de la société inclusive, dans le droit commun ou dans le secteur spécialisé
  • Créer des collaborations, faire réfléchir conjointement tous les acteurs dans des ateliers de codesign, faire un diagnostic partagé puis identifier des actions collectives et construire des parcours utilisateurs simples et clairs

Ensuite, seulement, on identifie des services et produits qui doivent évoluer et on peut travailler dessus, car tous les acteurs sont alignés et prêts à avancer.

Dans le contexte de la fin progressive des accords agréés en entreprise, pensez-vous que l'adoption par les entreprises d'une démarche d'accessibilité universelle serait une piste pour qu'elles poursuivent - avec un budget dédié potentiellement diminué - leurs engagements en matière de politique handicap ?

C’est une piste à creuser, mais qui nécessite un accompagnement.

Beaucoup d’entreprises sont actives sur les questions de handicap, mais bien souvent elles peinent à dépasser l’obligation légale. Nous sommes amenés à accompagner certaines d’entre elles dans leur transition inclusive et menons pour cela une démarche globale qui va de l’inspiration à l’action. La problématique posée étant : « comment dépasser la logique de compensation du handicap pour aller vers celle de l’investissement ? ».

Partant de cette question, nous tentons de faire bouger les lignes et d’aller plus loin pour convaincre l’Entreprise qu’elle a tout à gagner à « investir » le handicap, pour aller vers une posture plus créative, enthousiasmante et génératrice de valeurs pour tous.

Nous l’amenons également à considérer le Handicap comme un levier d’innovation, en adoptant une logique d’investissement dans la diversité, qui doit apparaître comme un levier pour régénérer son organisation, ses process, ses offres et étendre sa clientèle.

Il y a encore du chemin à parcourir, mais de plus en plus de signaux positifs s’allument.

Nous aurons tout gagné quand :

  • la mission handicap aura pris une mission transverse sur l’intégration du handicap dans l’entreprise pour créer de la valeur et de la performance et qu’elle sera ressource pour la RH, la communication, le marketing, l’innovation produits et services, la QVT, la com interne, …
  • l’entreprise intégrera le handicap dans son action de R&D et d’innovation

La question n’est pas de développer le budget de la mission handicap, mais plutôt d’augmenter son pouvoir et sa relation avec les différentes branches de l’entreprise. Au-delà du budget dont elle a besoin pour soutenir l’intégration et le maintien dans l’emploi des travailleurs handicapés, elle doit surtout développer un pouvoir d’influence et de soutien aux différentes directions de l’entreprise qui doivent voir dans le handicap un levier de développement.

Notre rôle à Signes de sens c’est de les aider à faire ce changement de vision et de paradigme par des exemples concrets et des actions collectives.

Pour en savoir plus sur Signes de Sens : https://www.signesdesens.org/

Propos recueillis par Deborah Pahl.

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intervention Signes de sens
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Pensez-vous que l'accessibilité universelle soit la condition sine qua non de l'inclusion des personnes en situation de handicap dans la société ?

Il me semble que l’inclusion et le potentiel de réalisation des personnes en situation de handicap dans la société repose sur trois leviers :

  • La compensation : tout ce qui permet à la personne d’être soutenue pour ses besoins spécifiques à commencer par la question de la santé, des aides techniques, des aides humaines…
  • La transition inclusive de la société qui doit mieux connaître et comprendre la diversité des utilisateurs et faire évoluer ses pratiques (postures professionnelles, outils et services proposés aux usagers, …).
  • Les collaborations : l’inclusion c’est avant tout une collaboration entre le secteur spécialisé et le droit commun pour proposer des parcours fluides et efficaces pour les personnes avec une cohérence d’approche et d’ambition.

La conception universalisante est nécessaire pour faire progresser les choses et ouvrir des possibles, mais elle n’est pas le socle ni la formule magique. Le socle reste la vision de la société et de ses composantes et la capacité de collaboration des différents acteurs. Nous le voyons bien au travers de nos projets où nous commençons toujours un sujet par deux axes :

  • Accompagner le changement de regard et la vision du handicap ou de la société inclusive, dans le droit commun ou dans le secteur spécialisé
  • Créer des collaborations, faire réfléchir conjointement tous les acteurs dans des ateliers de codesign, faire un diagnostic partagé puis identifier des actions collectives et construire des parcours utilisateurs simples et clairs

Ensuite, seulement, on identifie des services et produits qui doivent évoluer et on peut travailler dessus, car tous les acteurs sont alignés et prêts à avancer.

Dans le contexte de la fin progressive des accords agréés en entreprise, pensez-vous que l'adoption par les entreprises d'une démarche d'accessibilité universelle serait une piste pour qu'elles poursuivent - avec un budget dédié potentiellement diminué - leurs engagements en matière de politique handicap ?

C’est une piste à creuser, mais qui nécessite un accompagnement.

Beaucoup d’entreprises sont actives sur les questions de handicap, mais bien souvent elles peinent à dépasser l’obligation légale. Nous sommes amenés à accompagner certaines d’entre elles dans leur transition inclusive et menons pour cela une démarche globale qui va de l’inspiration à l’action. La problématique posée étant : « comment dépasser la logique de compensation du handicap pour aller vers celle de l’investissement ? ».

Partant de cette question, nous tentons de faire bouger les lignes et d’aller plus loin pour convaincre l’Entreprise qu’elle a tout à gagner à « investir » le handicap, pour aller vers une posture plus créative, enthousiasmante et génératrice de valeurs pour tous.

Nous l’amenons également à considérer le Handicap comme un levier d’innovation, en adoptant une logique d’investissement dans la diversité, qui doit apparaître comme un levier pour régénérer son organisation, ses process, ses offres et étendre sa clientèle.

Il y a encore du chemin à parcourir, mais de plus en plus de signaux positifs s’allument.

Nous aurons tout gagné quand :

  • la mission handicap aura pris une mission transverse sur l’intégration du handicap dans l’entreprise pour créer de la valeur et de la performance et qu’elle sera ressource pour la RH, la communication, le marketing, l’innovation produits et services, la QVT, la com interne, …
  • l’entreprise intégrera le handicap dans son action de R&D et d’innovation

La question n’est pas de développer le budget de la mission handicap, mais plutôt d’augmenter son pouvoir et sa relation avec les différentes branches de l’entreprise. Au-delà du budget dont elle a besoin pour soutenir l’intégration et le maintien dans l’emploi des travailleurs handicapés, elle doit surtout développer un pouvoir d’influence et de soutien aux différentes directions de l’entreprise qui doivent voir dans le handicap un levier de développement.

Notre rôle à Signes de sens c’est de les aider à faire ce changement de vision et de paradigme par des exemples concrets et des actions collectives.

Pour en savoir plus sur Signes de Sens : https://www.signesdesens.org/

Propos recueillis par Deborah Pahl.

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