La psychiatrie en état d'urgence

Selon Esquirol, le grand aliéniste de la première moitié du XIXe siècle, l’asile évoquait un séjour consenti qui, pour peu, serait agréable, tel un Van Gogh dans sa chambre d’asile de Saint-Rémy-de-Provence (photo ci-dessus). Il s’agissait alors de couper les malades de leur milieu social pour tenter de les guérir et de préserver l’ordre social. L’utopie qui a présidé à la naissance de la fonction asilaire n’a pas résisté à la surpopulation et à la promiscuité et un vent de désinstitutionnalisation a soufflé sur la France, mettant à la rue des milliers de personnes en souffrance. Peu à peu, notamment grâce aux avancées pharmaceutiques et à de nouvelles pratiques de réhabilitation, il est devenu possible de se mettre à soigner les malades hors les murs. Pour autant, la psychiatrie et l’hôpital psychiatrique du XXIe siècle, lieu qui incite le patient à mener la vie la plus normale possible en “milieu ordinaire”, plus que jamais saturé, asphyxié, blessé dans sa nature et ses aspirations, sont toujours en quête d’un modèle. Enquête.