Numérique inclusif
L’Agefiph multiplie les projets partenariaux pour favoriser la formation
et le recrutement de personnes en situation de handicap dans le secteur très porteur du numérique.
Avec 200 000 emplois à pourvoir d’ici à 2025 et des dispositifs de formation existants, le secteur du numérique représente de réelles opportunités pour les personnes en situation de handicap. Un constat qui n’a pas échappé à l’Agefiph. « Nous souhaitons porter de nouveaux projets innovants et montrer que les personnes handicapées sont capables d’accéder à ces métiers, explique Véronique Bustreel, directrice Innovation, évaluation et stratégie de l’Agefiph. Au-delà de la conjoncture, c’est un véritable schéma d’avenir qui peut répondre à la problématique structurelle d’inadéquation entre les profils des personnes en situation de handicap et les offres d’emploi proposées. »
L’Agefiph s’est penchée sur le sujet du numérique il y a trois ans. Partant de bonnes pratiques territoriales et isolées dans différentes régions, elle a réfléchi à la manière de lancer une dynamique nationale, de construire une chaîne de valeurs et de mener, dixit Véronique Bustreel, « un travail de fertilisation collective avec tout l’écosystème et le secteur ». L’Agefiph a ciblé en premier lieu les acteurs de la formation numérique. Elle s’est associée avec des partenaires de renom, Simplon et WebForce3, le Syntec et Atlas, l’Opco de secteur, mais aussi APF France handicap, pour monter une alliance inédite sur le sujet et candidater au Plan d’investissement dans les compétences (PIC) 100 % inclusion. Leur projet, THalent Digital, a été lauréat. Depuis novembre 2020, 260 personnes en situation de handicap ont été formées dans le cadre de ce programme et ont trouvé par la suite une solution d’insertion. « Nous allons chercher les personnes qui ne penseraient pas naturellement à cette filière et levons leur autocensure, avec la mobilisation de Pôle emploi, des Cap Emploi, des missions locales et des associations représentatives », précise la directrice Innovation de l’Agefiph. Des webinaires sont organisés tous les quinze jours pour les mobiliser. Celui tenu fin janvier dernier dans le cadre de la Semaine des métiers du numérique de Pôle emploi, à laquelle participait pour la première fois l’Agefiph, a réuni plus de 1 900 personnes connectées. Ensuite, ces dernières sont recontactées puis orientées et mises en relation avec les écoles.
« Intégrer et pérenniser ces dispositifs »
L’Agefiph s’est également associée à Diversidays, lauréat de la fondation Google et partenaire de Pôle emploi. Cette association effectue depuis deux ans un tour de France pour proposer son programme de formation au digital aux personnes éloignées de l’emploi, DéClics Numériques. Sur l’étape francilienne, 1 200 personnes y ont participé, dont 15 % en situation de handicap. L’Agefiph soutient également l’expérimentation d’une application révélatrice de talents développée par Fabienne Cazalis, docteure en sciences cognitives au CNRS : Maca pour Mapping autistic cognitive abilities. Ce jeu a pour but de détecter les attitudes, capacités et compétences transférables aux métiers du numérique.
À l’autre bout de la chaîne, l’Agefiph travaille avec CGI, porteur des diagnostics numériques handicap. Cette expérimentation actuellement lancée auprès de 10 entreprises a pour objectif de révéler les opportunités d’emploi de personnes handicapées dans leurs Directions des systèmes d’information (DSI) et parmi les sous-traitants, Ésat, EA et TIH.
Lors de la Semaine des métiers du numérique, l’Agefiph a publié son premier observatoire numérique et handicap afin de mettre en valeur toutes ces actions et donner la parole aux différents acteurs. « L’enjeu désormais est de réussir le passage de ces expérimentations à des dispositifs intégrés et pérennes », conclut la directrice Innovation.